Secteur de tutelle : Secteur des sciences sociales et humaines (SHS)
Lieu d'affectation: Yaounde
Catégorie d'emplois: Evaluation de projet
Type de contrat : Consultant senior
Durée du contrat : 02 mois
Recrutement ouvert à : Candidats externes
Clôture des candidatures (minuit heure de Paris) : 27 juillet 2025
Valeurs fondamentales de l’UNESCO : Engagement envers l’Organisation, intégrité, respect de la diversité, professionnalisme
Depuis plusieurs années, le Cameroun est confronté à une combinaison de crises sécuritaires, humanitaires et sociopolitiques qui affectent profondément sa stabilité et la cohésion de ses communautés. Dans la région de l’Extrême-Nord, les attaques répétées de la secte Boko Haram ont entraîné des déplacements massifs de populations, la destruction des moyens de subsistance, et une situation d’insécurité persistante. À l’Est, les effets prolongés de la crise en République Centrafricaine depuis 2003 ont provoqué un afflux continu de réfugiés, exerçant une pression accrue sur les ressources et les infrastructures locales. Par ailleurs, la crise anglophone qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016 demeure l’un des plus importants foyers de tensions internes, avec des implications majeures en matière de sécurité, de gouvernance et de droits humains.
À ces dynamiques conflictuelles s’ajoute une résurgence des tensions intercommunautaires, notamment autour des enjeux d’accès et de contrôle des ressources naturelles. Dans la région du Logone-Birni, des affrontements violents ont opposé les communautés Arabe-Choa et Mousgoum, avec une extension rapide du conflit vers les départements voisins du Logone-et-Chari et du Mayo-Danay. Dans les zones affectées par les crises, les jeunes sont parmi les groupes les plus vulnérables. Nombre d’entre eux, notamment ceux engagés dans le secteur informel, ont perdu leurs moyens de subsistance, ce qui les expose davantage aux risques d’enrôlement dans les groupes armés ou à l’implication dans des formes d’économie de guerre. Dans les zones touchées par Boko Haram, certains jeunes deviennent ainsi des relais ou des agents logistiques des groupes armés.
Les inégalités socio-économiques, en particulier entre les sexes, accentuent encore cette vulnérabilité. D’après le Profil Genre du Cameroun (2021), 75 % des femmes vivant en milieu rural sont en situation de pauvreté, et seulement 38 % des femmes sont alphabétisées, contre 61 % des hommes. Ces écarts contribuent à l’abandon scolaire massif des jeunes filles et à leur exposition à des conditions économiques et sociales précaires.
Les facteurs majeurs de cette fragilité sont : une participation limitée des jeunes aux processus décisionnels, des opportunités économiques très faibles, notamment pour les jeunes femmes, et une compétition croissante pour l’accès aux ressources entre les déplacés, les réfugiés et les communautés hôtes.
C’est dans ce contexte qu’a été conçu le projet financé par le Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix (PBF) intitulé : « Appui à la mise en œuvre du programme national d’éducation civique pour le renforcement de la paix, la cohabitation pacifique et le vivre ensemble dans les communautés affectées par les crises au Cameroun ». Ce projet, mis en œuvre conjointement par l’UNESCO (agence chef de file), l’OIT, l’UNFPA et ONU Femmes, bénéficie de l’appui du Gouvernement camerounais à travers le Ministère de la Jeunesse et de l’Éducation Civique (MINJEC).
Doté d’un budget global de 6 millions USD, le projet est mis en œuvre entre juillet 2023 et octobre 2025. Il cible en priorité les 8 régions du Cameroun à l’exception des deux autres régions que sont le Nord-ouest et le Sud-Ouest, en s’adressant aux jeunes femmes et hommes de 15 à 35 ans, y compris les personnes déplacées, réfugiées, les jeunes en situation de handicap et les jeunes filles déscolarisées.
L’objectif global du projet est de renforcer la participation significative des jeunes à la consolidation de la paix, par le biais de l’éducation civique, du dialogue intergénérationnel et de l’entrepreneuriat. Il vise trois résultats interdépendants :
Résultat 1 : Les jeunes femmes et hommes, y compris les populations vulnérables, promeuvent efficacement une paix durable et la cohabitation pacifique dans leurs communautés et leurs régions grâce à l’engagement communautaire et aux valeurs de citoyenneté.
Résultat 2 : Une paix durable et le vivre ensemble dans les communautés sont promus grâce au renforcement des compétences techniques et à l’esprit d’entreprise des jeunes femmes et hommes, y compris les vulnérables.
Résultat 3 : La cohabitation pacifique est renforcée au sein des communautés par des valeurs civiques relatives au dialogue intergénérationnel et à une meilleure gestion communautaire des ressources y compris naturelles.
2. Objectif de l’évaluation
2.1. Général
Pour assurer une sortie harmonieuse du projet et garantir la responsabilité de redevabilité envers les bénéficiaires et le bailleur de fonds, l’UNESCO, en tant qu'agence Lead, entreprend une évaluation finale du projet.
« Appui à la mise en œuvre du programme national d’éducation civique pour le renforcement de la paix, la cohabitation pacifique et le vivre ensemble dans les communautés affectées par les crises au Cameroun » a pour objectif global d’examiner de manière inclusive les résultats obtenus, et d’apprécier la contribution du projet à la consolidation de la paix dans les domaines de l’éducation civique, de la participation des jeunes, de l’entrepreneuriat social, du dialogue intergénérationnel et de la gestion pacifique des ressources. Elle vise à évaluer dans quelle mesure les objectifs et résultats escomptés ont été atteints, à identifier les approches efficaces ainsi que les limites rencontrées. Cette évaluation répond à une double finalité : renforcer la redevabilité envers les parties prenantes et tirer des enseignements utiles pour améliorer les pratiques futures en matière de consolidation de la paix au Cameroun.
2.2. Spécifique
Cette évaluation finale indépendante vise à fournir une appréciation objective de la mise en œuvre du projet financé par le Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix (PBF), en analysant la pertinence, l’efficacité, la cohérence, l’impact, la durabilité et la sensibilité au genre, conformément aux standards de l’OCDE-CAD et à la politique d’évaluation de l’UNESCO.
Plus spécifiquement, l’évaluation mesurera :
3. Portée de l’évaluation
L’évaluation portera sur le processus de mise en œuvre ainsi que sur les résultats obtenus dans le cadre du projet « Appui à la mise en œuvre du programme national d’éducation civique pour le renforcement de la paix, la cohabitation pacifique et le vivre-ensemble dans les communautés affectées par les crises au Cameroun ». Elle s’appuiera sur le cadre de résultats du projet, les données de suivi disponibles, les rapports de mise en œuvre, ainsi que sur les évolutions du contexte local dans les zones ciblées.
Une attention particulière sera accordée à l’évaluation des résultats en matière de consolidation de la paix. Il s’agira non seulement d’apprécier les progrès réalisés dans les domaines thématiques du projet, mais aussi de déterminer dans quelle mesure ces progrès ont permis de s’attaquer à des facteurs de conflit identifiés, notamment l’exclusion des jeunes, les inégalités de genre, les tensions intercommunautaires, ou encore la compétition autour des ressources naturelles. Les évaluateurs veilleront à ce que la dimension \"contribution à la paix\" constitue la principale ligne d’analyse, même lorsque les résultats observés recouvrent également des objectifs de développement ou humanitaires.
L’évaluation intégrera un examen critique de la théorie du changement du projet. Les évaluateurs devront en analyser la logique interne, tester la validité des hypothèses sous-jacentes et, le cas échéant, proposer une reformulation ou une version améliorée. Dans les cas où une théorie du changement formelle serait absente, les évaluateurs seront tenus d’en élaborer une rétroactivement, en se référant aux lignes directrices du PBF sur la théorie du changement.
3.1. Portée géographique
L’évaluation couvrira les régions de l’Adamaoua, de l’Est, de l’Extrême-Nord, du Littoral, du Nord, de l’Ouest, du Sud et du Centre, où le projet a été mis en œuvre. Elle prendra en compte la diversité des contextes sécuritaires et socio-économiques de ces régions, ainsi que les dynamiques propres aux communautés locales. Les groupes cibles incluent les jeunes femmes et hommes, les déplacés internes, les réfugiés, ainsi que les communautés hôtes affectées par les crises et tensions intercommunautaires.
3.2. Portée thématique
L’évaluation portera sur cinq grands axes thématiques :
3.3. Portée temporelle
L’évaluation couvrira l’ensemble de la période de mise en œuvre du projet, soit de son lancement en 2023 jusqu’à l’approche de sa période de clôture prévue en octobre 2025. Elle analysera les évolutions des indicateurs clés à travers les différentes phases du projet (initiale, intermédiaire, finale), en mettant l’accent sur les changements tangibles induits par les interventions. Une attention particulière sera accordée à l’effet durable et à l’impact global du projet à l’approche de sa phase de clôture.
4. Critères et questions de l’évaluation
L’objectif général de l’évaluation finale est de mesurer la performance du projet en analysant la pertinence, la cohérence, l’efficacité, l’efficience, la durabilité et l’impact, tout en apportant une attention particulière aux questions transversales du LNOB, do no harm et intégration du genre (autonomisation des femmes et égalité des sexes), droits humains en termes de sensibilité aux conflits et aussi les aspects catalytiques. Cette analyse permettra de dégager des leçons apprises de la mise en œuvre et les acquis à des fins de redevabilité vis-à-vis des différents partenaires et l’acquisition de connaissances, mais également en vue de leur capitalisation notamment dans le cadre de futures interventions dans le même domaine. Les critères et questions clés auxquelles l’évaluation devra répondre seront établis par Le Consultant Senior dans le rapport initial.
Compte tenu de l’exigence d’une évaluation rigoureuse, fondée sur une méthodologie mixte intégrant les dimensions transversales de genre, de sensibilité aux conflits et de redevabilité, conformément aux normes du Peacebuilding Fund (PBF) et aux critères du CAD/OCDE, le/la consultant(e) national(e) senior sera recruté(e) pour assurer la coordination technique et méthodologique de l’évaluation finale. À ce titre, il/elle sera responsable de la conception de la démarche évaluative, de la supervision de la collecte des données, de l’analyse des résultats et de la rédaction du rapport final.
Qualifications académiques
Le/la consultant(e) senior devra être titulaire :
Expérience professionnelle
Le/la consultant(e) devra démontrer :