Contexte

La République centrafricaine (RCA) poursuit un processus de consolidation démocratique visant à renforcer la participation inclusive et représentative de toutes les composantes de la société. Dans ce cadre, la promotion de l’égalité de genre et de l’accès équitable à la justice électorale constitue un enjeu majeur pour promouvoir l’équité, la justice sociale et la consolidation de la paix.

L’adoption de la Loi n° 24.007 du 02 juillet 2024 portant Code électoral, en conformité avec la Constitution du 30 août 2023, ainsi que la prise en compte des principes de la loi sur la parité de novembre 2016, témoignent d’une volonté politique affirmée de favoriser la participation accrue des femmes et des jeunes aux processus électoraux, en tant qu’électrices et candidates.

Cependant, malgré ce cadre juridique favorable, la participation effective des femmes à la vie politique demeure limitée et confrontée à de multiples obstacles structurels, socioculturels et institutionnels. Les femmes restent largement sous-représentées dans les instances de décision et de gouvernance publique : 18 % des membres du Gouvernement sont des femmes ; 12 % des parlementaires sont des femmes ; 1 femme sur 16 est Secrétaire générale de préfecture ; Environ 10 % de femmes dirigent les Sous-préfectures ;11 %  occupent la fonction de Maire ; Dans les ministères dits de souveraineté, la représentation féminine dépasse difficilement 21 % des effectifs.

Cette faible représentativité traduit la persistance d’un écart important entre les objectifs légaux de parité et leur mise en œuvre effective. Plusieurs contraintes freinent encore l’engagement politique des femmes :

  • Normes socioculturelles restrictives : les stéréotypes de genre persistent, limitant la légitimité sociale des femmes dans les fonctions publiques et politiques.
  • Faible autonomisation économique : les femmes disposent de ressources financières limitées pour financer leurs campagnes électorales.
  • Violences basées sur le genre (VBG) : les menaces, intimidations et harcèlements dissuadent de nombreuses femmes de se porter candidates.
  • Capacités institutionnelles insuffisantes : les partis politiques manquent de mécanismes internes favorisant l’émergence et la formation de leadership féminin.
  • Application incomplète des lois : les dispositions légales relatives à la parité, notamment le quota de 35 % de candidatures féminines et les listes « zébrées », peinent à être respectées.

    Les prochaines élections groupées avec une emphase sur les municipales offrent une opportunité stratégique pour améliorer la représentativité féminine, car elles reposent sur des listes paritaires obligatoires. Elles constituent un vivier de futures leaders féminines susceptibles d’être mobilisées lors des élections législatives de 2025-2026.

    Face à ces nombreux défis, le Ministère de la Promotion du Genre, en coordination avec les institutions électorales nationales, et avec l’appui de ONU Femmes et de la MINUSCA (notamment UNPOL), a initié plusieurs actions dont le dialogue de haut niveau sur la prévention contre les violences faites aux femmes en période électorale du 16 au 17 mai 2025 et la réunion de sensibilisation et de plaidoyer auprès des partis politiques afin d’assurer le respect des dispositions légales et de renforcer l’intégration du genre dans le processus électoral. Il ressort de ces deux grandes rencontres plusieurs aspects :

    1. Sécurisation des élections : les candidates n’ont pu mener leur campagne électorale, si ce n’est par téléphone ou à l’aide de leur suppléant sur le terrain, et elles n’étaient pas suffisamment sécurisées le jour du scrutin.
    2. Violence faites aux femmes : les candidates ont été intimidées, agressées, volées, pillées, menacées de mort et séquestrées.
    3. Destruction du matériel de campagne électorale : les T-shirts, affiches, banderoles ont été déchirés ou confisqués.
    4. Problème de transport, de suivi et de sécurisation du matériel électoral : les bulletins de vote et les urnes sont parfois restés chez les agents électoraux, les candidat-e-s ou à la MINUSCA après le scrutin.
    5. Cas de corruption des agents électoraux de l’ANE : les résultats finaux en faveur des femmes auraient été modifiés au profit des candidats masculins.
    6. Cas de corruption des candidat·e·s : des pratiques d’achat de cartes électorales, de voix et de consciences ont été signalées.
    7. Rejet des requêtes des femmes candidates : un nombre important de recours présentés à la Cour constitutionnelle ont été rejetés, souvent faute d’assistance juridique adéquate.
    8. Intimidation et dénigrement des femmes politiques : des propos et comportements hostiles ont été observés durant la campagne et le jour du scrutin.
    9. Cas de corruption et d’irrégularités observés : certains résultats auraient été modifiés en défaveur des femmes candidates.
    10. Manque de ressources logistiques : certaines candidates n’ont pas reçu les kits promis par les partenaires.

      Au regard de tous ces défis, les femmes candidates et les leaders d’organisations féminines ont formulé des recommandations en vue de l’amélioration des performances des femmes aux élections prochaines. Parmi ces recommandations figure la nécessité de renforcer les capacités juridiques et procédurales des candidates, notamment à travers la formation de leurs délégué-e-s et la mise à disposition d’un appui technique en matière de recours électoraux.

      JUSTIFICATION DE LA PRESTATION DES SERVICES

      Dans le cadre de sa politique d’appui au processus de démocratisation et de gouvernance inclusive, le Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix (PBF) a accordé un financement au Bureau d’ONU Femmes en République centrafricaine pour la mise en œuvre du projet intitulé « Appui à une gestion efficace du cycle électoral pour des élections inclusives et apaisées ».

      Ce projet vise à accroître la représentativité des femmes dans les instances électives, à prévenir et atténuer les violences faites aux femmes en période électorale, et à renforcer la transparence et la crédibilité du processus électoral.

      Malgré les avancées juridiques notables, la participation effective des femmes candidates reste limitée par plusieurs obstacles, dont le manque d’assistance technique et juridique adaptée pour la formulation et la défense de leurs recours électoraux. Les expériences des scrutins précédents ont révélé le rejet fréquent de requêtes déposées par des femmes candidates, souvent dû à un manque d’information sur les procédures ou à une insuffisance d’appui juridique spécialisé.

      C’est dans cette optique que, en coordination avec les organisations féminines, et notamment avec le Forum des femmes parlementaires, et d’autres instances électorales nationales, il est envisagé le recrutement d’avocats et d’huissiers de justice pour fournir un appui technique et neutre aux femmes candidates. 

      C’est dans cette optique que, en coordination avec les organisations de femmes engagées dans la promotion des droits politiques des femmes, il est envisagé le recrutement d’avocats et de conseillers juridiques pour fournir un appui technique et impartial aux femmes candidates. Cette initiative permettra:

      • d’assurer un accompagnement professionnel pour l’élaboration, la soumission et le suivi des requêtes électorales ;
      • de promouvoir l’accès équitable des candidates à la justice électorale, dans le respect des lois et procédures en vigueur ;
      • de prévenir les contentieux discriminatoires et de contribuer au renforcement de la confiance dans le processus électoral.

        Ainsi, cet appui s’inscrit dans la continuité des efforts conjoints du Gouvernement et de ses partenaires pour garantir une participation pleine, effective et sécurisée des femmes aux processus électoraux, conformément au cadre juridique national et aux engagements internationaux de la RCA en matière d’égalité de genre et de gouvernance démocratique.

        OBJECTIFS ET RESPONSABILITES

        Objectifs:Objectif général 

        L’objectif général de la mission est de fournir une assistance juridique aux femmes candidates en lice pour les élections législatives, régionales et municipales en vue de renforcer la recevabilité de leurs requêtes et de réduire les cas de rejet liés aux contentieux électoraux, tant durant la période de validation des candidatures que pendant le contentieux post-électoral.

        Objectifs spécifiques de la prestation de service

        A – Pour les huissiers de justice

        • Élaborer le Guide du Représentant d’une Candidate dans un bureau de vote ;
        • Former et orienter les délégués des candidates sur l’utilisation du guide et des outils de constatation des irrégularités ; 
        • Constater et documenter, de manière légale, les irrégularités susceptibles de fonder des recours pendant :
          • la période de validation des candidatures, et
          • la campagne électorale et le jour du scrutin ;
          • Produire des rapports circonstanciés destinés aux avocats pour la constitution des dossiers de recours.

            B- Pour les Avocats 

            Pendant la période de validation des candidatures :

            • Élaborer des canevas pratiques et harmonisés de rapports d’observation électorale, facilitant la collecte d’informations fiables par les représentant·e·s des candidates.
            • Organiser des séances d’orientation à l’attention des délégués des candidates, en amont du scrutin et hors des bureaux de vote, afin de les familiariser avec les canevas de rapports d’observation électorale et de renforcer leurs capacités à les renseigner de manière fiable et conforme aux procédures électorales.
            • Préparer, rédiger et mettre en forme les requêtes des candidates conformément aux exigences juridiques de fond et de procédure prévues par le Code électoral, en vue de leur dépôt régulier auprès de la Cour constitutionnelle.
            • Assurer, le cas échéant, la présentation des observations écrites ou orales devant la juridiction compétente dans le cadre du contentieux de validation des candidatures.

              Pendant et après le scrutin :

              • Préparer et déposer les requêtes post-électorales auprès de la Cour constitutionnelle, sur la base des irrégularités constatées et documentées dans les rapports d’observation électorale.
              • Conduire les plaidoiries devant la Cour constitutionnelle dans le cadre du contentieux post-électoral, en veillant à la défense rigoureuse des droits et intérêts des candidates.
              • Assurer le suivi des décisions et jugements relatifs aux recours introduits par les femmes candidates, et en rendre compte dans un rapport final de prestation.

                RESULTATS ATTENDUS 

                Pour les huissiers de justice:

                • Un Guide du Représentant d’une Candidate dans un bureau de vote est élaboré, validé et diffusé auprès des délégués des candidates, servant de référence unique pour la surveillance du scrutin et la constatation des irrégularités.
                • Les délégués des candidates sont formés et outillés sur l’utilisation du guide, des fiches de collecte et des outils de constatation des irrégularités, leur permettant de jouer efficacement leur rôle d’observateurs dans les bureaux de vote.
                • Les irrégularités et incidents électoraux constatés pendant la période de validation des candidatures, la campagne et le jour du scrutin sont documentés de manière légale et objective par les huissiers de justice.
                • Des rapports circonstanciés et exploitables sont produits et transmis aux avocats afin d’alimenter la constitution des dossiers de recours devant les juridictions compétentes.

                  Pour les Avocats:

                  Résultats attendus pendant la période de validation des candidatures

                  1. Un canevas pratique et harmonisé de rapports d’observation électorale sont élaborés, validés et mis à disposition des représentant-e-s des candidates pour faciliter la collecte d’informations fiables sur le déroulement du processus électoral.
                  2. Les délégués des candidates sont formés et outillés sur l’utilisation des canevas et des outils de constatation des irrégularités, leur permettant de produire des rapports complets et conformes aux exigences de l’ANE et du Code électoral.
                  3. Les requêtes de recours en validation de candidatures sont préparées et déposées auprès de la Cour constitutionnelle dans les délais légaux, conformément aux exigences de forme et de fond.
                  4. Les observations juridiques nécessaires à la défense des dossiers de candidature des femmes sont présentées, assurant une meilleure recevabilité des recours et une réduction des rejets pour vices de forme.

                    Résultats attendus pendant et après le scrutin

                    1. Les irrégularités observées lors du scrutin sont dûment documentées dans des rapports circonstanciés, exploitables juridiquement pour la constitution des dossiers de contentieux post-électoraux.
                    2. Les requêtes post-électorales sont rédigées et déposées auprès de la Cour constitutionnelle dans les délais impartis, garantissant la défense effective des droits des femmes candidates.
                    3. Les plaidoiries sont conduites de manière professionnelle et rigoureuse devant la Cour constitutionnelle, contribuant à une représentation équitable des femmes dans le traitement des contentieux électoraux.
                    4. Un rapport final de prestation est produit, synthétisant les actions menées, les résultats obtenus, les défis rencontrés et les recommandations pour le renforcement futur de l’assistance juridique aux femmes candidates.

                      Compétences:

                      Valeurs fondamentales :

                      • Respect de la diversité
                      • Intégrité
                      • Professionnalisme

                        Compétences de base :

                        • Sensibilité aux questions de genre
                        • Responsabilité
                        • Réflexion stratégique
                        • Une communication efficace
                        • Collaboration inclusive
                        • Engagement des parties prenantes

                          Please visit this link for more information on UN Women’s Values and Competencies Framework: 

                          Compétences fonctionnelles:

                          • Une expérience significative dans la conduite de missions similaires avec les agences du système des Nations Unies ou des ONG internationales 
                          • Compétences avérées en formulation des projets et Programmes et suivi évaluation
                          • Une bonne connaissance des zones d’interventions du projet et du fonctionnement des institutions 
                          • Faire preuve de pédagogie 

                            Qualifications requises:

                            • Pour les Huissiers de justice : 
                              1. Être titulaire d’un master en Droit ou u de la qualification professionnelle requise pour exercer la fonction d’Huissier·e de justice reconnu·e par les autorités compétentes ;
                              2. Justifier d’une expérience pertinente d’au moins deux (2) ans dans le domaine juridique, de préférence en lien avec les contentieux électoraux ou la représentation juridique ;
                              3. Être inscrit à l’Ordre des Huissiers de Justice de Centrafrique ;
                              4. Expérience en matière de contentieux électoral ;
                              5. Expérience dans la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.
                                • Pour les Avocats
                                  1. Être titulaire d’un master en Droit ou de tout autre diplôme équivalent ;
                                  2. Justifier d’une expérience pertinente d’au moins deux (2) ans dans le domaine juridique, de préférence en matière de contentieux électoral, de représentation juridique ou de droits civils et politiques ;
                                  3. Être inscrit au Barreau de Centrafrique ;
                                  4. Expérience en matière de contentieux électoral ;
                                  5. Expérience dans la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.

                                    Langues:

                                    Français et le Sango; la maitrise de l’anglais est un atout

                                    DEPOT DE CANDIDATURE

                                    Les dossiers de candidatures composés d’une lettre de motivation, d’un formulaire P11, d’un curriculum vitae, des copies du/des diplôme(s) et des attestations de services ou preuves de consultances pertinentes seront déposés sous pli fermé portant la mention “Consultation projet Election : 10 Avocats et 10 huissiers nationaux” à la guérite du PNUD à Bangui. 

                                    Les honoraires du consultant seront établis conformément à la grille de rémunération des consultants nationaux Junior applicables au sein des Agences Onusiennes en RCA et après négociation avec le candidat retenu. Les frais de mission et les coûts des voyages dans le cadre de la collecte des données de terrain seront pris en charge par ONU Femmes.

                                    ÉVALUATION DES DOSSIERS DE CANDIDATURE 

                                    L’évaluation des dossiers de candidatures sera faite selon le système de pondération ci-après : 

                                    Critères de sélection  Points attribués Être titulaire d’un master en Droit ou de tout autre diplôme équivalent 20 Être inscrit à l’Ordre des Huissiers de Justice de Centrafrique ou au Barreau de Centrafrique) 25 Expérience en matière de contentieux électoral 30 Expérience dans la promotion de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes 25 TOTAL 100

                                    Statements :

                                    In July 2010, the United Nations General Assembly created UN Women, the United Nations Entity for Gender Equality and the Empowerment of Women. The creation of UN Women came about as part of the UN reform agenda, bringing together resources and mandates for greater impact. It merges and builds on the important work of four previously distinct parts of the UN system (DAW, OSAGI, INSTRAW and UNIFEM), which focused exclusively on gender equality and women's empowerment.

                                    Diversity and inclusion:

                                    At UN Women, we are committed to creating a diverse and inclusive environment of mutual respect. UN Women recruits, employs, trains, compensates, and promotes regardless of race, religion, color, sex, gender identity, sexual orientation, age, ability, national origin, or any other basis covered by appropriate law. All employment is decided on the basis of qualifications, competence, integrity and organizational need.

                                    If you need any reasonable accommodation to support your participation in the recruitment and selection process, please include this information in your application.

                                    UN Women has a zero-tolerance policy on conduct that is incompatible with the aims and objectives of the United Nations and UN Women, including sexual exploitation and abuse, sexual harassment, abuse of authority and discrimination. All selected candidates will be expected to adhere to UN Women’s policies and procedures and the standards of conduct expected of UN Women personnel and will therefore undergo rigorous reference and background checks. (Background checks will include the verification of academic credential(s) and employment history. Selected candidates may be required to provide additional information to conduct a background check.)

                                    Note: Applicants must ensure that all sections of the application form, including the sections on education and employment history, are completed. If all sections are not completed the application may be disqualified from the recruitment and selection process.

                                     

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